La ménagerie de verre
De l’autre côté de la ruelle, il y avait le jazz, le swing, l’alcool, les dancings et le cinéma…mais dans l’impasse de l’appartement, des Wingfield, tout n’est que verre, tumulte et fragilité. Hanté par l’amour d’une mère castratrice et d’une sœur infirme, Tennessee Williams nous transporte dans l’univers noir et blanc d’une de ses plus belles pièces.
Le succès immédiat, en 1945, de cette pièce est certainement lié à la justesse des dialogues entre quatre personnages sortis tout droit de la vie de l’auteur. « Cette histoire est avant tout faite d’évocations et de souvenirs … » Le choix d’un décor sobre tend à nous faire plus facilement entrer dans la peau d’un narrateur qui a effacé de sa mémoire les innombrables détails matériels du quotidien pour mieux préserver l’essentiel : les personnages et leurs relations. L’histoire de ces relations nous est donc racontée dans un espace ponctué de meubles (en fer forgé) qui semblent évoquer de simples ombres. Tout d’abord, il y a la table autour de laquelle la mère profite du petit déjeuner pour faire part à Tom de ses sombres calculs et des repas pour vanter ses glorieuses conquêtes d’un passé anéanti par le choix d’un mari. Il y a aussi une méridienne qui sert de lit à Tom et où Amanda vient régulièrement s’avachir pour se plaindre du présent et déjà regretter son avenir. La ménagerie de verre où se réfugie la plupart du temps sa sœur Laura, se dessine, elle, derrière un tulle. Il y a, pour finir, un phonographe sur lequel trône le portrait d’un père, resté seulement en photo, qui semble se contenter d’être, le sourire en coin, un simple témoin.
C’est ce décor que le narrateur semble venir faire revivre une dernière fois. Seul dans ce vieil appartement laissé à l’abandon, il lance le phonographe pour lentement ramener « l’aiguille du temps à cette période attendrissante de l’entre-deux guerres… » La musique de Stéphane Grappelli qui vient accompagner chaque narration, joue alors le rôle du sixième personnage.
Le décor, la mise en scène et le jeu des comédiens s’articulent, particulièrement dans cette création, sur la mise en valeur de tout ce qui, chez Tennessee Williams, semble aller par trois : les personnages (Amanda, Tom et Laura), les lieux (l’entrepôt, l’appartement familial et le cinéma), ses possibles « choix » de vie (l’amour de sa sœur, l’aliénation de sa mère et son énorme soif d’aventure), ou tout simplement : le passé, le présent et l’avenir.
Traduction
Jean-Michel Déprats
Mise en scène
Claude Pelopidas
Distribution
Henriette Palazzi, Emilie Roudil, Olivier Cesaro, Yannick Fichant, Claude Pelopidas
Décors : Jacques Brossier
Création lumières : Frédéric Amiel
Costumes : Art-image Cie
Après l’accueil chaleureux du public au Festival Off d’Avignon 2007 (plus de cent spectateurs de moyenne par représentation), La Ménagerie de Verre est en tournée jusqu’en septembre 2010.
La presse en parle
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